Thomas Loyatho est un artiste français de HASPARREN Pays Basque (FR)
Démarche artistique
Ses expérimentations sont en prises avec la matière. L’utilisation de matériaux pauvres ou sobres comme la cendre, la bouse de vache, la cire, la chaux ou la peinture à l’huile ne nécessite pas une technologie qui le dépasserait et rendrait son travail obsolète, mais incite au contraire au dépouillement ; une forme de neutralité qui laisse la place à un vaste de champ de possibles. Ces matériaux ont une sémantique bien plus large que celle des moules dans lesquels on veut les figer. Il permettent une lecture décloisonnée d’une société et de son paysage toujours plus fractionné et quadrillé à l’image d’un supermarché et de ses rayons. On a des zones commerciales, industrielles, agricoles,
résidentielles, etc. Quand il observe ses abeilles, elles créent une substance essentielle grâce à la synergie des nectars les plus purs qu’elles collectent et régurgitent. Le développement de l’intelligence passe d’abord par le sensoriel et notre capacité d’observation ; elle n’est pas dans un premier temps cérébrale. C’est ce fonctionnement naturel, originel que partage tous les êtres vivants sur la terre et c’est la base de son travail.
Sa proposition plastique : « Nahasta, (mélange de bouse vache, de cendre, de chaux et de mémoire) »
Ce projet tend à lier l’enfance de la culture humaine à l’enfance de l’individu humain. La scénographie de l’installation est celle d’une fouille archéologique, avec le quadrillage de cordeaux, les différentes profondeurs de fouille et des éléments découverts à chaque strate de terre. Le projet reprend ainsi les codes d’une forme scientifique d’investigation. Pour l’artiste, il se dégage des études en archéologie ou anthropologie, une esthétique particulière due au contraste entre la minutie méthodique de la recherche et du cumul de petites informations et la dimension colossale de l’étude dont ils font l’objet. Les jouets et outils moulés découverts par cette fouille factice, symbolisent l’enfance de l’Homme dans un contexte archéologique illustrant l’enfance de la culture humaine. Cette installation placée en terre, dans un contexte agricole montagnard et à échelle humaine fait échos à l’origine de l’agriculture. Enfin, le mélange de bouse est le seul et unique matériau utilisé, hormis les quelques planches de la passerelle qui traverse le trou de fouille. Ce mélange a fait l’objet de nombreuses expérimentations pour parvenir à obtenir un matériaux qui permet le moulage et donner l’impression qu’il a passé des millénaires
sous terre. Ce travail de longue haleine est à mettre en perspective avec l’aspect éphémère de ces éléments qui vont irrémédiablement se dégrader au contact de l’air et de notre manipulation. Ce matériau entre alors dans le cycle qui est le nôtre : mutation, évolution, disparition ; à l’image de notre agriculture.